Depuis deux ans, Futur Au Présent et Bibliothèques Sans Frontières travaillent ensemble pour l’insertion et l’accès à l’éducation des enfants et adolescent.e.s des rues, ou en situation de travail précoce, à Ziguinchor. Rencontre avec Seyni Diedhiou, qui travaille chez FAP depuis 2012. Auparavant éducateur spécialisé au Centre d’hébergement d’urgence, il s’occupait de l’accompagnement psychosocial des enfants : médiation familiale, retour en famille, etc. Depuis presque un an, celui-ci coordonne les programmes sociaux à Ziguinchor.
LES DIFFICULTÉS DE CETTE BELLE RÉGION DE LA CASAMANCE
La Casamance, région au Sud du Sénégal, est l’une des zones les plus pauvres du pays ; l’enclavement géographique et le déficit d’infrastructures retardant son développement. Associée à l’instabilité du territoire, l’extrême pauvreté de la population entraîne alors la déscolarisation massive des enfants, l’analphabétisme et un fort exode rural vers la principale ville de la région : Ziguinchor.
Dans cette ville d’environ 200 000 habitant.e.s, les enfants se retrouvent bien souvent en première ligne face à l’isolement et à la pauvreté des familles. Confronté.e.s à l’impossibilité de faire face aux besoins quotidiens, ou lorsque des conflits éclatent à l’intérieur des familles, ces derniers.ères quittent alors le domicile familial et se retrouvent dans la rue. Encouragée par les pratiques religieuses liées à l’aumône, la mendicité des enfants est alors très courante : des centaines d’entre eux.elles, souvent enrôlé.e.s dans les daras (écoles coraniques), sont envoyé.e.s la journée dans la rue pour rapporter de l’argent à leur marabout.
« Certaines petites filles, appelées “les petites vendeuses”, travaillent très tôt et vendent des mangues, des cacahuètes et toutes sortes de fruits dans la rue. Elles s’exposent alors à beaucoup de dangers comme la maltraitance ou les viols. C’est un gros phénomène à Ziguinchor ! »
Souvent, cette pauvreté éloigne ces enfants de l’école et les poussent aussi vers le travail précoce. D’après le gouvernement sénégalais, 35% des enfants de moins de 15 ans travaillent. Bien que le travail domestique touche les deux sexes, les jeunes travailleuses sont les plus vulnérables : 13,8 % d’entre elles contre seulement 1,8 % parmi les garçons effectuent plus de 28 heures de travail par semaine. Comme employées de maison par exemple. Les « petites bonnes » constituent la face la moins connue du travail des enfants, car la moins visible. Laissant le champ libre à de nombreux abus.